Quetigny est une Ville Couleur. Pensée et réalisée dans les années 60, fruit de la collaboration entre la municipalité d’alors et Bernard Lassus, elle se distingue des autres villes par l’alliance des principes de Parc Habité, de chromatisme des façades et de façade tableau. Il convient de prolonger ces principes, de conserver le caractère singulier des espaces urbains ainsi créés, de les réinventer, et de les inscrire dans un urbanisme et une architecture du moment. Le lot B, terrain d’assiette du projet, se distingue par sa situation en limite Est du projet de ZAC. Il est en cela une porte d’entrée sur le quartier en devenir, dans l’axe de l’Avenue du parc. Il est bordé au Nord et à l’Est par les éléments paysagers importants que sont le mail de l’Avenue du Château et le Parc du Cromois. Un chemin la traversant d’Ouest en Est est emprunté quotidiennement par les habitants du quartier et préfigure en cela ce que seront les accès et les déplacements dans le cadre du projet à réaliser.

URBANISME

Ce chemin constitue une « occupation » au sens archéologique. Il tire sa pertinence d’un usage quotidien qui mène les passants de la coulée verte et des bâtiments d’habitation proches vers le centre commercial, et au-delà vers la Place Centrale. Il constitue un contre point, une respiration, face au trafic routier intense de l’Avenue et du parking. Il est l’articulation principale du projet, l’élément qui donne naissance à la faille qui scinde le projet en 2 bâtiments reliés à RDC. Outre les qualités plastiques qu’elle apporte, elle prolonge l’existence et donc l’usage du chemin existant.
Vu du rond-point, la faille confère au bâtiment B à R+5 une certaine ampleur. C’est un bâtiment élancé, couvert d’une toiture oblique : un marqueur urbain. À droite il semble encadrer l’Avenue du Château, comme le ferait une porte monumentale ; à gauche, plus modestement, il protège la porte/faille qui mène au cœur de l’îlot. L’angle se distingue par la superposition de 5 loggias réhaussées d’une couleur orangée.

ARCHITECTURE / CHROMATISME

Nous avons souhaité exploiter le concept de stratification selon 3 scénarios, intégrant chacun leur propre approche chromatique : stratification horizontale, stratification verticale et faille. La stratification horizontale est composée de 4 couches superposées : les abords côté avenues sont adoucis par les ondulations du terrain ; le RDC des bâtiments (ville basse) ; dans les étages (ville moyenne), de R+1 à R+3 des deux bâtiments, les façades reçoivent un traitement coloré ; les R+4 et R+5 du bâtiment B (ville haute) sont la continuité des étages inférieurs avec quelques singularités ; ils sont couverts d’une toiture de type zinc qui se prolonge en bardage vertical côté Avenue du Château, donnant l’illusion d’une maison sur le toit ; l’espace ouvert de la faille pourrait constituer une 5^ème strate par le vide qu’elle génère. La stratification verticale répond au concept de façade tableau imaginé par Bernard Lassus. Il s’agit de créer de la profondeur dans les façades, par la simulation de panneaux colorés successifs. À ces principes de stratification et de chromatisme appliqués aux façades courantes en cœur d’îlot et sur les avenues, s’oppose le traitement singulier de la faille. À la rigueur des façades courantes s’opposent ici l’irrégularité des percements, et l’implantation quelque peu aléatoire des balcons, ainsi que leurs dimensions. Le bâti est rigoureusement aligné sur les grands axes. À l’inverse, les façades de la faille comportent les émergences des balcons. La façade Sud du bâtiment B entretient finalement un lien visuel fort avec le cœur d’îlot et le parking. Son implantation oblique invite à emprunter le chemin et à se diriger vers le hall d’entrée en contre bas.